Poetry is the evidence of a life and not the life itsef. I’s the ashes of something that’s burning well. Sometimes you can confuse yourself and try to create ashes instead of fire. Leonard Cohen
(“La poésie est la trace d’une vie, et non la vie même – les cendres d’une chose qui brûle bien. Il arrive que, les confondant, on s’efforce de créer les cendres plutôt que le feu.”)
Quelques poètes qui n’ont pas cherché à créer de cendres, qui n’ont pas sacrifié la proie pour l’ombre.
Dans un tout autre registre – mais la poésie n’est-elle pas cette instance vouée à refléter la prodigalité du monde, à célébrer la munificence de la vie et donc accueillir la diversité des regards qu’elle suscite ? – Cécile A. Holdban nous propose Toutes ces choses qui font craquer la nuit, un livre écrit et dessiné à l’automne 2021 lors d’une résidence littéraire et artistique à l’Atelier du Bas Cros, en Ardèche. C’est le troisième titre de la collection “Écumes” aux éditions Exopotamie dont l’objet est de proposer des livres hybrides à partir de textes et d’autres formes de création dont l’expression picturale. On sait que pour cette poète qui est aussi peintre, traductrice (et coéditrice de la revue en ligne Ce qui reste) l’écriture, l’expression picturale, le langage sont au cœur d’une démarche visant à faire dialoguer ces médiums afin de capter une résonance entre espace intérieur et espace extérieur.
Pari réussi ici où l’alternance de haikus, tercets et poèmes en prose, permet un dialogue subtil avec les images (aquarelles, pastels) – salutaire addition de concret venant suppléer la nature nécessairement abstraite des mots -, pour laisser place aux sensations et aux pensées.
J’aime émouvoir
ce qui joue
à être immobile
Peindre des yeux
sur les pierres
pour qu’elles les ouvrent
Poésie nocturne où rien n’est sombre, où un incessant bruit de genèse frémit de tout ce qui s’échange à la pointe de l’instant dans l’évidence de l’immédiateté. Au bord des choses, à la lisière entre le visible et l’invisible, entre le poème et l’indicible, là se tient le cœur vigilant de Cécile A. Holdban – parfois inquiet mais jamais sentimental car il ne saurait mentir à soi-même.
Que dire de plus qui ne soit inconséquent et même néfaste à la foncière bienveillance qui surgit des noces du pinceau et des mots ?
J’ose accaparer les mots de la poète et les faire miens :
De ces secrets
mes mots humains
ne sauront rien dire
Patrick Corneau
Lien vers l'article :
De tout, un peu – en poésie (13) – Patrick Corneau
Lien pour commander le livre :
Cécile A. Holdban, Toutes ces choses qui font craquer la nuit – Éditions Exopotamie